Frédéric de Kemmeter
Train & signalisation - Obser-vateur ferroviaire depuis plus de 30 ans. Comment le chemin de fer évolue-t-il ? Ouvrons les yeux sur des réalités complexes de manière transversale
Les premiers concepts de train à grande vitesse (TGV) en Indonésie ont été sérieusement envisagés en 2008, et des plans détaillés ont été élaborés en 2015. Le projet de construction du TGV Jakarta-Bandung a été annoncé par le gouvernement indonésien en juillet 2015, après la visite du président chinois et d'autres dirigeants mondiaux à la conférence de Bandung. Le tronçon Bandung-Surabaya, bien qu'initialement prioritaire en raison de la forte congestion, a été officiellement mis de côté pour des raisons budgétaires au début de 2015
La construction de la ligne à grande vitesse Jakarta - Bandung avait démarré en 2016 après la signature d'une concession de 50 ans pour la conception, la construction et l'exploitation. La date d'ouverture avait été fixée de manière quelque peu optimiste au 31 mai 2019.
La concession de la ligne à grande vitesse avait été âprement disputée entre le Japon et la Chine. Le Japon et la Chine ont tous deux exprimé leur intérêt pour les projets de train à grande vitesse en Indonésie. Auparavant, les deux pays avaient mené des études approfondies sur un projet concernant le tronçon Jakarta-Bandung (142,3 km). Seule l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA) avait publié une étude pour un projet allant jusqu'à Surabaya (730 km). L'offre indonésienne de LGV a marqué la rivalité entre le Japon et la Chine dans leur compétition pour les projets d'infrastructure asiatiques.
L'Indonésie annonça en septembre 2015 qu'elle avait choisi l'offre chinoise, justifiant le fait que la Chine était disposée à accepter un risque financier beaucoup plus important. Selon l'accord final, le gouvernement indonésien n'est pas tenu de fournir un quelconque financement, mais il deviendra propriétaire de la ligne et de tous ses actifs à la fin de la période d'exploitation de 50 ans. La coentreprise KCIC est détenue à 60% par des intérêts indonésiens, dont la compagnie ferroviaire nationale PT KAI, et à 40% par des entreprises chinoises, dans le cadre des Routes de la Soie. Officiellement estimée à 5,1 milliards de dollars, la ligne est financée à 88,2% par un prêt de 4,5 milliards de dollars de la Banque chinoise de développement, avec laquelle les accords financiers définitifs furent signés le 14 mai 2017.
Des problèmes d'acquisition de terrains ont repoussé la date de mise en service. Au printemps 2018, la date d'ouverture a était annocée pour octobre 2020, puis pour mars 2021 en février 2019. Ce sera finalement octobre 2023...
En janvier 2016, le ministre indonésien des transports publiait un permis de tracé pour une ligne ferroviaire à grande vitesse entre Jakarta et Bandung longue de 142,3 kilomètres, avec des gares situées à Halim (extrémité Jakarta), Karawang, Walini, et Tegalluar (extrémité Bandung) avec un dépôt à Tegalluar. Cette LGV est construite avec double voie électrifiée et conçue pour une vitesse de 350 km/h.
71,63 km de la voie ferrée seraient au niveau du sol, 53,54 km seraient surélevés et 15,63 km sont souterrains. À la mi-février 2020, les travaux de construction avaient progressé de 44 % et les acquisitions de terrains atteignaient le taux de 99,96 %. En raison de la pandémie de COVID-19, les travaux du projet ont été temporairement interrompus, ce qui a retardé la fin de la construction et le début de l'exploitation. Trois mois plus tard, l'avancement des travaux avait atteint 48,3 % et les travaux de construction reprenaient avec des mesures sanitaires strictes.
Le rapport entre les travailleurs chinois et les travailleurs indonésiens avait été fixé à 1:4, ce qui signifiait qu'il devait y avoir quatre travailleurs indonésiens pour un travailleur chinois. Il était difficile de confirmer si c'était bien le cas. Selon les données du KCIC, le projet a mobilisé 4.749 travailleurs.
Conformément aux normes chinoises, la voie UIC 1 435 mm a été posée sur dalle avec un entraxe de 5m, ce qui permettra de circuler à une vitesse pouvant aller jusqu'à 350 km/h. Le temps de trajet de bout en bout pour les trains sans arrêt devrait être de 36 minutes, ce qui représente une économie considérable par rapport aux plus de 3 heures nécessaires sur la ligne existante de 173 km de long à écartement de 1.067 mm.